Collectif

Cahiers Maria Szymanowska N°7. Parler du corps

Société Maria Szymanowska

Date de publication : 2025-09-15


On ne vit intensément que dans et par son corps. Le corps est le moyen de faire avec la violence du monde. Si toutes les souffrances de l’humaine condition s’y (ré)percutent, il est également l’espace de toutes les joies et jouissances de la chair ! C’est autant le plaisir des sens que l’action qui nous rattache à l’existence et nous enjoint de goûter à la saveur de la vie. Parler du corps, c’est donc parler de cette interface confuse qui touche au cœur de l’intime, de son rendu sensible et social, et que la réflexion politique d’une Sophie de Condorcet rend d’une si furieuse actualité : des corps sont dominés par ceux qui bénéficient d’un ordre social profondément inégalitaire, et qu’ils entendent bien perpétuer.
Parler du corps, c’est donc parler de l’être, de notre présence réelle tout autant que symbolique et fantasmatique au monde, en soi et pour les autres. Rien d’ailleurs de plus malaisé que de l’habiter pleinement, ce corps terriblement exposé, profondément inégal et genré. Le corporel, le soma, participe en effet d’un langage obscur, celui de la psyché, un mix d’émotions, de sentiments et d’idées dont il est le terrain de jeux privilégié : le corps, belle caisse de résonance de nos aliénations et angoisses ! Pour en explorer l’historicité et les représentations, la danse et le théâtre sont des disciplines fécondes par leur hybridité et leur charge sensuelle : les perceptions olfactives, tactiles, visuelles et auditives y sont aussi importantes que les mots.
D’une scène cathartique à l’autre le soma parle : le corps anarchique et souffrant devient un corps symbolique et pleinement assumé. C’est à cette autre vie que la sienne qu’aspire ainsi Julie, la femme cachée qui relate ici son parcours de transition pour devenir ce qu’il/elle était, et connaître l’ivresse de la métamorphose d’un corps enfin advenu. Ce corps féminin est cependant le plus exposé, tant il est réifié et vulnérable à la prédation du regard patriarcal. Face à cela, la revendication féministe est simple : reconquérir la joie du corps, d’exister et de vivre ; pouvoir et vouloir tout écouter, tout aimer, tout lire, sans retenue – sans avoir à retrouver le récit sempiternel de l’exclusion de sa féminité.
Si la psyché, la physiologie et le social s’entremêlent et nous définissent dans nos singularités, la mort et la sexualité demeurent les deux dimensions communes à notre humanité. Quelle que soit l’époque, l’art n’a de cesse de les sublimer et d’entraîner vers un imaginaire et une poétique de la sensualité et de l’inconstance des corps, comme une suspension libérée du référentiel mortifère du temps. Une promesse d’infini en quelque sorte.

13,99

Prix papier : 20,00 €

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À propos

Auteur
Collection
n.c
Parution
2025-09-15
Pages
212 pages
EAN papier
9782487646025

Caractéristiques détaillées - droits

EAN PDF
9782487646032
Prix
13,99 €
Nombre pages copiables
0
Nombre pages imprimables
42
Taille du fichier
9073 Ko

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